Initiative Carte blanche pour la relève: Le récipiendaire 2022-2023

Initiative Carte blanche pour la relève: Le récipiendaire 2022-2023

« Nous savons Christian Lapointe libre. Nous savons les créations de Carte Blanche dissidentes et affranchies. Et nous savons nos ambitions singulières, excentriques et audacieuses. C’est donc avec un honneur immense que nous accueillons la bourse de l’Initiative Carte Blanche pour la relève pour la toute première production du collectif La bouche _ La machine, ALBANE. Ce soutien est pour nous non seulement financier, mais il est aussi symbolique. Il représente une confiance et un encouragement à la création insoumise. Il nous permet de nous engager à bras-le-corps et à pieds joints sur le chemin d’une création qui repousse du mieux qu’elle le peut cette inertie qui nous fait admettre volontiers une norme de plus en plus figée et trop facilement reproductible. Le soutien de Carte Blanche nous accorde la latitude de lever la tête et de la hisser hors des inquiétudes et du désir de plaire pour accueillir ce qui émerge, ce qui n’est pas prévu, accueillir l’inespéré dans la création. »

La bouche _ La machine

Synopsis

Dréa a trois enfants : Nathan, Albane et Héloi. Le premier est sorti de son ventre, les deux autres d’un orphelinat. Nathan, Albane et Héloi s’aiment et se détestent comme des frères et sœurs. Comme des frères et sœurs, ils fêtent les anniversaires en croyant qu’il y en aura toujours, qu’ils se laisseront parler d’amour jusqu’à la fin des temps. Un jour, pourtant, dans la fumée des chandelles, la famille chancelle. Un jour, Nathan tue Héloi.

Crédit Carla Chable de la Héronnière

À partir de là, plus personne n’est comme personne. Il n’y a plus de frère, plus de sœur ni de mère. Il y a des monstres.  Des machines. Il y a une violence si lourde qui déforme les corps, les gestes et les neurones. Une violence qui se lègue, de génération en génération. Qui devient de plus en plus indélébile. Et qui finit par tracer les contours d’une tragédie.

Ça semble très loin de nous — toute cette violence. Et pourtant, on se surprend à reconnaître un geste, un regard, une intonation. On se surprend à se reconnaître dans ces êtres, dans cette famille qui a commis l’irréparable, qui s’est entretuée. On frissonne. On se demande : et si c’était moi ? Si je pouvais, moi aussi,tuer ? Si les gestes étaient inscrits en moi aussi ? Lever le bras. Dresser le poing. Crisper les mains.

Oui, si c’était moi, comment, alors, faire cesser la violence ? Comment terminer la tragédie ?

 

Mot de Christian Lapointe

« Il faut commencer quelque part. S’affirmer. Affirmer son univers. Défier les règles. Donner à voir le monde d’aujourd’hui au travers des yeux de la jeunesse d’aujourd’hui. Le théâtre indépendant doit pouvoir jouir d’indépendance. Ne pas chercher la validation de ses pairs, mais plutôt déboulonner les idées reçues, débroussailler des terrains laissés en friche et se tromper, risque de se tromper. Il me semble important que cette jeunesse qui pousse derrière nous soit soutenue et pas simplement avec des subsides dédiés à ladite relève, mais soutenue à faire à sa tête, à poursuivre des démarches originales. Entrer dans l’économie de marché est une chose comme faire sa place pour arriver à “gagner” sa vie, poursuivre l’objectif de la transfiguration humaine, de la suspension du temps ou de mettre sens dessus dessous toute une cité, un état — voir même le monde entier — en est une autre. Entre les deux existent des modalités d’existences multiples. Il ne s’agit pas de dire ce qui est juste et ce qui ne l’est pas : il s’agit d’aider au grand plongeon vertigineux d’une quête d’art. Tenter d’aider à éloigner des poncifs de l’industrie culturelle pour permettre aux Icare — tout genre confondu — de ce monde, de pouvoir s’envoler vers le soleil. »

Christian Lapointe

 

Crédits

Texte / Odile Gagné-Roy
Mise en scène / Odile Gagné-Roy
Interprétation / Noémie F. Savoie, Odile Gagné-Roy, Myriam Lenfesty, Marie-Ève Lussier-Gariépy, Marc-Antoine Marceau, Vincent Paquette, Dayne Simard
Répétitrice / Rosalie Cournoyer
Assistance à la mise en scène / David Boily
Dramaturgie / Marie-Ève Lussier-Gariépy
Espace scénique / Emile Beauchemin
Costumes et accessoires / Annie-Isabelle Paquet
Maquillages / Béatrice Lecomte-Rousseau
Lumières et vidéo / Emile Beauchemin
Conception sonore / David Boily et François Leclerc
Micros live / François Leclerc
Œil extérieur / Marianne Marceau
Aide au mouvement / Karine Ledoyen
Direction de production et direction technique / Anne Plamondon
Soutien technique / Thomas Royer

 

Interprétation

Noémie F. Savoie, Odile Gagné-Roy, Myriam Lenfesty, Marie-Ève Lussier-Gariépy, Marc-Antoine Marceau, Vincent Paquette, Dayne Simard