Noël…

La Fête de Noël repose d’abord et avant tout sur la célébration du mythe de la naissance de Jésus, mythe qui s’accompagne évidemment de celui de la grossesse improbable et miraculeuse – dont le père est finalement « inconnu » – de la vierge Marie. Cette histoire change non seulement le cours de la religion juive – qui se scinde alors, non sans conséquences, entre le judaïsme et le christianisme – mais aussi celui de l’Histoire : conquêtes, sacrifices, martyres, massacres, abus, exécutions, décadence, guerres et répressions, au nom d’un enfant bâtard né d’une fille non mariée.

L’énigme de la conception et l’arrivée au monde d’un nouvel enfant (« when the Word became Flesh », Jean 1:14) semblent avoir suffisamment de poids et de mystère pour frapper l’imaginaire des hommes et hanter les rites chrétiens – notamment par le théâtre – par‐delà les siècles et les millénaires ; nous répétons encore le schéma de la Sainte-­‐ Famille, chaque année à Noël, sous forme de crèche.

Bien entendu, la signification de Noël a changé avec le temps. Déjà, en 1958, un journaliste du Globe and Mail remarquait que la fête avait pris une nouvelle résonnance tant dans l’espace privé que dans l’espace public. Afin d’obtenir l’heure juste, il a rassemblé dans un article quelques témoignages édifiants de « spécialistes en la matière ».

Ce reportage est représentatif des tentatives qui ont lieu en Amérique depuis le milieu du siècle dernier pour redonner à la fête de Noël son « vrai sens » (« the true meaning of Christmas »).

Il s’agit bien évidemment de rappeler son caractère religieux, mais surtout de stimuler chez les gens une attitude introspective et bienfaisante, en accord avec les « valeurs » chrétiennes dont Noël fait la promotion.

On peut d’ailleurs associer la liste des « bons et mauvais » enfants aux catégorisations manichéennes chrétiennes, et la distribution des cadeaux – le choix divin du Père Noël – au Jugement dernier : seront récompensés les vertueux, et punis les pécheurs.

On pourrait avancer que la conception de la fête telle que nous la connaissons aujourd’hui trouve ses origines dans les mondes anglo­‐saxon et germanique, vers le milieu du XIXème siècle. C’est du moins ce que laisse entendre A Visit from St. Nicholas (ou The Night Before Christmas), écrit en 1823 par l’américain Clermont Clarke Moore. Le poème aurait participé à la popularisation de la tradition de l’échange d’étrennes ; il met aussi en scène un Saint-­‐ Nicholas pas tellement éloigné de la figure du Père Noël telle que nous la connaissons aujourd’hui (re­‐pimpée par Coca Cola).

De nos jours, Noël brille par son aspect consumériste, récupéré par presque tous les organes marchants (idées cadeaux, vitrines, décorations, spectacles, disque de Noël, boxing day, messages corporatifs, partys de bureau). Néanmoins, pour une majeure partie des Canadiens, Noël est une « fête de famille ». Elle fait de l’événement un cadre traditionnel pour rendre un culte à la Famille (dans sa dimension institutionnelle); c’est souvent le moment de la trêve, dans les familles où il y a des conflits (toutes !) et où on évite de toucher aux sujets délicats. De plus, Noël redonne une valeur à la « maison familiale », considérée comme lieu ultime du « chez soi ».

Un ange annonce la naissance prochaine de Jésus:

Le sixième mois, Dieu envoya l’ange Gabriel dans une ville de Galilée, Nazareth, chez une jeune fille fiancée à un homme appelé Joseph. Celui-­‐ci était un descendant du roi David ; le nom de la jeune fille était Marie. L’ange entra chez elle et lui dit : Réjouis-­‐toi ! Le Seigneur t’a accordé une grande faveur, il est avec toi. » Marie fut très troublée par ses mots ; elle se demandait ce que pouvait signifier cette salutation. L’ange lui dit alors : « N’aie pas peur, Marie, car tu as la faveur de Dieu. Bientôt tu seras enceinte, puis tu mettras au monde un fils que tu nommeras Jésus. Il sera grand et on l’appellera le Fils du Dieu très-­‐haut. Le Seigneur Dieu fera de lui un roi, comme le fut David son ancêtre, et il régnera pour toujours sur le peuple d’Israël, son règne n’aura point de fin. » Marie dit à l’ange : « Comment cela sera-­t-­il possible, puisque je suis vierge ? » L’ange lui répondit : « Le Saint-­‐Esprit viendra sur toi et le puissance du Dieu très-­haut te couvrira comme d’une ombre. C’est pourquoi on appellera saint et Fils de Dieu l’enfant qui doit naître. (…) Alors Marie dit : « Je suis la servante du Seigneur ; que tout se passe pour moi comme tu l’as dit.» Et l’ange la quitta. - Luc 1:26

Recherches: Sophie Devirieux